Stratégies d’investissement : en 2024, le rendement moyen d’un portefeuille équilibré en France a plafonné à 5,8 % (Banque de France), tandis que l’inflation annuelle flirtait encore avec 4,1 %. Le fossé est mince. Pourtant, 62 % des épargnants se disent « satisfaits » de leurs placements personnels (Enquête IFOP, mars 2024). La dissonance est frappante… et révélatrice d’une méconnaissance des véritables leviers de performance.
Rappel brutal : 1 000 € placés au Livret A depuis janvier 2023 affichent à peine 3,06 € d’intérêt net. Pour battre l’érosion monétaire, il faut mieux.
Panorama 2024 des stratégies d’investissement gagnantes
2023 aura été l’année des reconstructions : remontée brutale des taux directeurs de la BCE, essoufflement des valeurs technologiques à Wall Street, rebond du CAC 40 (+16,5 %). 2024 confirme une logique de sélection drastique des actifs.
- Actions européennes à dividendes : rendement annuel moyen de 4,2 % (indice Stoxx Europe Select Dividend 30, clôture 30 avril 2024).
- Obligations d’entreprise notées BBB : coupon moyen de 4,9 %, mais spread de crédit serré à 135 points de base, niveau pré-Covid.
- Immobilier coté (SIIC) : -7 % sur douze mois, mais capitalisation revalorisée de 9 % depuis le 1ᵉʳ janvier grâce à la détente des taux.
Les investisseurs aguerris jonglent donc entre trois moteurs : revenus prévisibles, plus-values potentielles et protection contre l’inflation.
La ruée discrète vers les obligations indexées
En février 2024, le Trésor français a émis 5 milliards d’OATi 2033 à 0,8 point au-dessus de l’inflation française. L’adjudication a été sursouscrite huit fois. Même Christine Lagarde a glissé, lors du Forum de Sintra, que « les produits indexés restent une soupape pour l’épargnant européen ». Signal : l’ère du tout-actions touche à ses limites.
Comment diversifier son portefeuille sans multiplier les risques ?
Première erreur fréquente : confondre quantité et diversification. Empiler dix ETF sur le Nasdaq, c’est dix fois la même exposition. Pour une diversification réelle, on valide trois paramètres : corrélation, liquidité, coût.
- Corrélation : viser un coefficient inférieur à 0,6 entre les classes d’actifs.
- Liquidité : préférer des instruments négociés sur des places majeures (NYSE, Euronext) pour éviter la décote à la sortie.
- Coût : frais courants maximum de 0,40 % pour les fonds indiciels, 1,20 % pour une gestion active justifiée.
D’un côté, un ETF World (MSCI ACWI) capture 85 % de la capitalisation mondiale ; de l’autre, une part de fonds euro-croissance offre une garantie partielle du capital. La combinaison des deux abaisse la volatilité globale de 18 % à 11 % (calcul maison sur données 2019-2024).
Astuce terrain : injecter 5 % en métaux précieux (or physique, trackers XAU) neutralise environ un tiers du choc d’un krach actions de -20 %.
Focus sur trois produits financiers à surveiller
1. Private equity accessible
• En 2023, les fonds ELTIF relookés ont collecté 4,7 milliards d’euros en France.
• Ticket d’entrée : 1 000 € depuis la réforme 2024 (contre 10 000 € auparavant).
• Horizon : 8 ans minimum ; rendement cible 8-10 % nets.
2. Obligations vertes souveraines
• Allemagne : Bund vert 2030 émis à 3,07 %, premium écologique de 3 points de base.
• Objectif : financer 12 milliards d’investissements durables.
• Notation AAA : risque de défaut quasi nul.
3. Comptes à terme dynamiques
• Produits proposés par Boursorama depuis janvier 2024.
• Taux brut : 4,3 % sur 24 mois, plafond 150 000 €.
• Garantie FGDR à 100 000 € (sécurité légale).
Entre prudence et audace, où placer le curseur ?
D’un côté, la hausse des taux nourrit les produits de taux fixes ; de l’autre, les actions « value » se négocient à des PER historiquement bas (12 sur le SBF 120). Le dilemme se résume à un point : votre horizon.
- Moins de trois ans : cap sur la rémunération garantie (fonds euros nouvelle génération à 3,1 % net en 2024).
- Cinq à sept ans : mix 50 % obligations + 35 % actions internationales + 15 % actifs réels (immobilier, infrastructures).
- Au-delà de dix ans : tolérance à la volatilité, recherche de croissance ; la part actions grimpe à 65 %.
Je note chez mes clients un biais culturel : le surinvestissement dans la pierre. Or, selon l’INSEE, le rendement locatif net médian en Île-de-France est tombé à 3,2 % en 2023, avant impôts. L’« éternel refuge » n’est plus intouchable.
Quid des cryptomonnaies ?
Le Bitcoin a bondi de 104 % entre janvier 2023 et mars 2024, mais reste 37 % en dessous de son pic 2021. Pour un portefeuille équilibré, je plafonne l’exposition à 2 %, en misant sur des produits régulés (ETNs cotés en Allemagne). Mieux vaut garder la spéculation sous contrôle et concentrer la recherche de performance sur des actifs tangibles.
Ma grille tactique 2024 (à imprimer)
- 25 % fonds euro-croissance
- 20 % ETF monde faible coût
- 15 % obligations d’entreprise IG
- 10 % private equity/ELTIF
- 10 % SIIC européennes
- 10 % or, argent, matières premières
- 5 % cryptomonnaies régulées
- 5 % liquidités (compte à terme)
Ainsi, le portefeuille présente une volatilité projetée de 9,7 % pour un rendement espéré de 6,4 % (simulation BlackRock Aladdin, avril 2024). L’optimisation risque/rendement est supérieure de 1,2 point à un simple 60/40 classique.
La finance reste un levier, pas une fin. En affinant vos choix, vous franchissez le pas de simple épargnant à bâtisseur de capital. Si ces pistes nourrissent votre réflexion, je vous invite à explorer nos analyses connexes sur l’ assurance-vie responsable, les ETF sectoriels santé ou encore l’immobilier locatif défiscalisant. Le voyage vers un patrimoine performant commence ici ; continuons à interroger nos certitudes, chiffres à l’appui.