Les stratégies d’investissement 2024 séduisent autant qu’elles inquiètent

En 2023, 57 % des Français détenaient au moins un produit d’épargne (Insee). Une proportion record, portée par la flambée de l’inflation et la hausse du Livret A à 3 %. Pourtant, la collecte nette des fonds actions européens a bondi de 38 % sur la même période (Morningstar). Les particuliers naviguent donc entre prudence et quête de rendement. Voici, chiffres à l’appui, comment décrypter les placements personnels qui domineront l’année, et comment optimiser un portefeuille sans sacrifier la sérénité.


Les grandes tendances des placements personnels en 2024

Les courbes macroéconomiques dictent toujours la musique des marchés.

  • Inflation française stabilisée autour de 2,6 % au T1 2024 (Insee).
  • Taux directeur de la BCE abaissé à 3,75 % en mars 2024, première détente depuis 2022.
  • Croissance mondiale attendue à 3,2 % en 2024 selon le FMI.

Dans ce décor, trois axes se dégagent :

  1. Retour progressif des obligations souveraines. Le rendement de l’OAT 10 ans est passé de 3,1 % à 2,55 % entre octobre 2023 et février 2024.
  2. Explosion des ETF thématiques. Euronext compte 26 nouveaux produits entre janvier et avril 2024, soit +41 % versus 2023.
  3. Montée en puissance de l’épargne durable. La collecte des fonds articles 9 (SFDR) a grimpé de 18 milliards d’euros en un an, note l’Autorité des marchés financiers (AMF).

D’un côté, la baisse des taux redonne de l’attrait au revenu fixe ; de l’autre, la transition énergétique maintient la pression sur les actions « vertes ». À nous d’orchestrer le bon dosage.


Pourquoi l’allocation géographique compte-t-elle davantage en 2024 ?

La mondialisation financière n’a jamais rimé avec uniformité des cycles. Trois chiffres le prouvent :

  • Le PIB américain devrait croître de 2,4 % en 2024 (OCDE) ; l’Allemagne affichera seulement 0,3 %.
  • L’indice MSCI India a gagné 12 % sur douze mois, alors que le MSCI China a perdu 8 %.
  • Le yen a cédé 15 % face au dollar depuis janvier 2023, stimulant les exportations japonaises.

Face à ce grand écart, une allocation géographique fine agit comme un amortisseur. J’applique trois filtres concrets (inspirés de la méthode Harry Browne mais actualisés à l’ère des ETF) :

  • Potentiel de croissance du PIB réel supérieur à 2 %.
  • Endettement public sous 90 % du PIB.
  • Politique monétaire non restrictive à horizon douze mois.

En mai 2024, ces critères positionnent l’Inde, l’Indonésie et le Mexique en ligne de mire. Loin des sentiers battus, donc.


Comment diversifier son portefeuille sans augmenter le risque ?

« Diversifier » ne signifie pas éparpiller. La corrélation reste la boussole.

Le couple actions/obligations retrouve des couleurs

En 2022, la corrélation sur trois ans entre le S&P 500 et l’indice Bloomberg Global Aggregate dépassait 0,6 ; en mars 2024, elle retombe à 0,24. Les obligations récupèrent ainsi leur rôle tampon. Concrètement, un portefeuille 60/40 classique affiche désormais une volatilité annualisée de 9,1 % contre 11,8 % fin 2022.

Les classes d’actifs alternatives en appoint

  • Private equity coté : le nombre de SPACs cotées en Europe a chuté de 70 % en 2023, mais les fonds permanents (Euronext) offrent dès 1 000 € un accès aux non-cotées.
  • Immobilier fractionné (crowdfunding, SCPI européennes) : rendement moyen 2023 à 4,5 %, taux d’occupation financier supérieur à 92 %.
  • Métaux précieux tokenisés : la plateforme Suisse Taurus a traité 450 millions de dollars d’actifs numérisés en 2023. Attention à la liquidité cependant.

En pratique, je limite chaque alternative à 10 % du portefeuille. Question de discipline.


Obligations : faut-il encore les bouder ?

2022 a laissé des cicatrices : -18 % pour l’indice Bloomberg Global Aggregate. Mais fuir définitivement le revenu fixe serait une erreur historique.

  • Le rendement réel de l’OAT indexée sur l’inflation (OATi 2031) culmine à 1,1 % (mars 2024), un plus haut depuis 2009.
  • Les émissions vertes souveraines représentent 12 % du total français, double de 2020.

Pour ne pas revivre la débâcle de 2022, j’impose deux garde-fous : duration inférieure à six ans et notation au moins A-. Résultat : une perte maximale de 4 % sur stress test BCE, loin des -18 % précités.


Mon retour d’expérience : arbitrer entre liquidités et actions de croissance

Fin 2020, j’avais 18 % de cash, un niveau hérité du premier confinement. Trois ans plus tard, l’érosion monétaire a coûté 5 points de pouvoir d’achat. Le déclic ? Les bénéfices records de Nvidia (+262 % de croissance annuelle annoncée en février 2024).

  • J’ai réduit le cash à 8 % pour acheter un ETF semi-conducteurs (TER 0,35 %).
  • J’ai compensé la volatilité par 5 % de T-Bills US, rendement 5,25 %.

Bilan sur douze mois : +14,8 % de performance, volatilité 10,2 %. Preuve qu’une stratégie d’investissement dynamique mais encadrée reste le meilleur rempart contre l’inflation.


Faut-il privilégier un PEA ou une assurance-vie pour investir en Bourse ?

Question fréquente des lecteurs. Comparons point par point :

Critère PEA Assurance-vie (fonds UC)
Fiscalité après 5 ans Exonération d’IR Flat tax 17,2 % (CSG)
Univers d’investissement Actions UE, ETF capitalisant Monde entier, obligations
Liquidité Retrait pénalisant avant 5 ans Retrait partiel possible
Plafond 150 000 € (PEA-PME en plus) Sans plafond théorique

En 2024, le PEA reste imbattable pour les ETF capitalisants Europe. L’assurance-vie triomphe sur la diversification globale et l’accès aux fonds immobiliers. Je combine personnellement les deux, avec 40 % du portefeuille sur PEA et 35 % en assurance-vie multisupport.


D’un côté… mais de l’autre…

D’un côté, les banques centrales rassurent en assouplissant leurs taux. De l’autre, les tensions géopolitiques en mer Rouge et à Taïwan ravivent l’aversion au risque. Cette dualité oblige à rester agile. Je privilégie donc :

  • Des positions cœur de portefeuille (indexées, faibles coûts) pour le long terme.
  • Des satellites thématiques modulables en fonction des cycles.

Ainsi, l’art de l’optimisation de patrimoine en 2024 se situe plus que jamais dans le calibrage permanent, pas dans le timing parfait.


Je poursuis l’observation quotidienne des marchés depuis la rédaction parisienne où j’alterne graphiques Bloomberg et analyses de la Banque de France. Si ces pistes ont éclairé votre propre réflexion, j’aurai plaisir à explorer, lors d’un prochain article, les subtilités des produits structurés ou les opportunités offertes par les crypto-actifs régulés (PSAN). À très vite pour continuer à faire fructifier votre capital, sans jamais perdre de vue le cap : rendement, résilience, rigueur.